samedi 30 avril 2011
Cerveau, Croyances, Religions et Foi
Croyances, Religions, Foi. Et Dieu dans tout ça !
La croyance, le sentiment religieux et la foi relèvent ils de l'intellect, de la conscience, de nos structures corticales, des neurones ou bien simplement de la chimie qui nous anime ?
Quelques chercheurs ont tentés de répondre à ces interrogations à partir d'expériences permettant d'observer les modifications d'activités dans certaines zones spécifiques du cerveau, et développant ainsi le concept de “Neurothéologie”.
Deux articles de 2001 nous en présentent la synthèse.
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Un nombre croissant de chercheurs américains traquent dans le cerveau les manifestations de la religion et du sacré. Des travaux auxquels on a du mal à accorder foi. par P.J.-B.
Disons-le d'entrée de jeu : dieu ne se cache pas dans le cerveau sous la forme d'une structure corticale ou sous-corticale. Pourtant, depuis quelques années, un nombre toujours plus importants de scientifiques américains adhèrent à une toute nouvelle ” discipline ” qu'ils ont même baptisée ” neurothéologie ” : l'étude des mécanismes cérébraux des phénomènes de croyance religieuse. Pour eux, le cerveau serait structurellement apte à produire, mieux, à capter l'essence du ” Numineux “, d'un monde spirituel peuplé d'ancêtres ou d'anges.
Si tel était le cas, que faire des athées, agnostiques, sceptiques et autres rationalistes ?
L'histoire fourmille d'individus parfaitement hermétiques à toute réalité de l'au-delà (1). Sont-ils anormaux ?
La réponse est non, bien sûr. Toutefois, une bonne moitié de l'humanité se réfère à dieu, développe certaines superstitions, pratiques divers rituels au nom de croyances plus ou moins dogmatiques. Et on ne compte plus les ” illuminés “, les prophètes et tous les mystiques ayant vécu (ou prétendu vivre) quelque expérience ” surnaturelle ” de saint Paul à sainte Thérèse, de Mahomet à Dostoïevski. Ni les travaux scientifiques et médicaux qui leur ont été consacrés depuis William James (2). L'un des derniers en date fait les gros titres de la presse américaine. Il concentre en 160 pages toute l'ambiguïté d'une approche strictement biologique de la question religieuse. Andrew Newberg et feu son collègue psychiatre Eugen d'Aquili, de l'université de Pennsylvanie, y résument la teneur de leurs expériences réalisées sur des moines chrétiens et des yogis entraînés durant ces moments forts de la vie religieuse que sont les transes mystiques. Ou les extases.
A l'aide de techniques modernes d'imagerie médicale, ils ont observé une forte diminution de l'activité d'une région située dans la partie supérieure du lobe pariétal, ” l'aire des associations d'orientation “. Si ce phénomène intervient dans l'hémisphère gauche, lors d'une méditation poussée par exemple, il serait la manifestation d'une impression particulière où le corps perdrait toute frontière avec l'environnement, où il n'y aurait plus de différence ressentie entre le soi et le non-soi. Du côté droit, ce serait la sensation de l'espace infini. Notons que l'étude ne porte que sur des ” spécialistes ” de la pratique religieuse.
D'autres études, consacrées à une population moins spécifique, ont tenté de découvrir ce qui distinguait réellement le cerveau d'un individu ” religieux ” de celui d'un athée. Tâche ardue frôlant la gageure ! En 1997, Jeffrey Saver et John Rabin, neuropsychiatres à l'université de Californie, à Los Angeles, ont tenté de faire le point sur la question.
Conclusion : il n'existe aucune structure propre au discours religieux dans l'hémisphère gauche, à sa teneur prosodique ou émotionnelle dans l'hémisphère droit, ou aux discussions scolastiques et talmudiques dans le lobe frontal. ” le substrat neural de la prépondérance d'une pensée ou d'un affect religieux est donc l'ensemble du cerveau “, écrivent-ils.
Tout juste peut-on étudier les cas pathologiques comme les épileptiques et les schizophrènes.
En crise d'épilepsie:
Bien avant Hippocrate, le ” haut mal ” était déjà considéré comme une intrusion du sacré dans l'esprit d'une personne. Une sorte de possession soudaine, bénéfique aux yeux des Grecs anciens, maléfique à ceux des chrétiens médiévaux. En outre, certains épileptiques célèbres ne font pas mystère de la teinte mystique de leurs crises. ” Qu'importe qu'il s'agisse d'un état de tension anormale, puisque le résultat […] apparaît comme le plus haut point d'harmonie et de beauté, qu'il procure un sentiment inouï, insoupçonné jusqu'alors, de plénitude, de mesure, d'apaisement et de fusion par la prière avec la plus haute synthèse de la vie ? “, s'exclame l'” Idiot ” sous la plume d'un Dostoïevski qui sait de quoi il parle. Seulement, les épileptiques n'éprouvent pas tous, loin de là, ce que décrit le romancier russe. Dans la plupart des cas, la teinte religieuse d'une crise dépend du contexte culturel du malade. Un patient issu d'un milieu religieux aura plutôt tendance à attribuer une explication surnaturelle à ce qu'il ressent durant ses crises et juste avant qu'elles ne se déclenchent, pendant la période dite d'aura. Une catégorie particulière d'épileptiques a cependant attiré l'attention des chercheurs, ceux qui souffrent de crises partielles et complexes. La synchronisation nerveuse se déclenche plus ou moins fréquemment dans certaines zones limitées du cerveau, notamment les lobes temporaux et la région limbique sous-jacente : amygdale, hippocampe et gyrus cingulaire. Selon les (rares) études, de 23 à 83 % des personnes subissant ce type de crise éprouvent une aura de type ” psychique “. Elles peuvent avoir l'impression que le monde est irréel (déréalisation), qu'elles-mêmes sont inexistantes (dépersonnalisation), voir leur double ou se voir de l'extérieur (autoscopie), ressentir une extase, bref, autant de phénomènes psychologiques habituellement associés à certains comportements religieux comme la conversion.
Mais de là à dire que saint Paul a eu une crise d'épilepsie partielle du lobe temporal gauche sur le chemin de Damas, il y a un pas Car même si certains épileptiques font preuve d'hyper religiosité, la grande majorité des malades n'associent pas leurs auras à des expériences inspirées. ” La religiosité ne serait pas le trait universel d'une certaine catégorie (interictal personality) d'épileptiques du lobe temporal gauche, mais elle émergerait au sein d'un sous-groupe souffrant de crises très fréquentes “, présument Saver et Rabin. Certaines psychoses comme la schizophrénie, les NDE (” expériences de mort approchée “), l'usage de stupéfiants, les privations de nourriture ou de stimuli sensoriels des anachorètes et des chamans peuvent provoquer des comportements mystiques. Tout juste peut-on suggérer que la région impliquée est le système temporo-limbique. Penfield et d'autres grands neurochirurgiens ont stimulé cette région à l'aide d'électrodes en demandant à leurs patients ce qu'ils éprouvaient. En général, diverses formes d'illumination. A chaque fois, en fait, le phénomène décrit relève d'une altération des états de conscience, d'une modification de la relation au monde et à soi.
Et dieu dans tout ça ? On serait tenté d'écrire qu'il n'y est pour rien. Qu'il n'est qu'une façon de “rationaliser ” l'ineffable. Rappelons que le lobe temporal gauche et les régions adjacentes sont impliquées dans la parole et qu'il est pour ainsi dire impossible de penser sans mots. les véritables causes de la croyance sont ailleurs.
En 1976, un psychologue américain - Julian Jaynes - émettait une remarquable hypothèse : la théorie du cerveau bicaméral. Selon lui, l'humanité avant l'âge du fer (1200 av. J.-C.) vivait en contact étroit avec les dieux. le monde surnaturel côtoyait le nôtre car l'hémisphère droit, siège de la pensée symbolique, de ” l'imaginaire “, n'était pas encore sous la domination du gauche, le rationnel, le verbal. Puis, sans que l'on sache bien pourquoi, ce dernier a fini par prendre le dessus : ce fut l'émergence de la conscience. Théorie désuète ? Certes, mais elle tombe à propos.
La neurothéologie, quelle soit motivée par une idéologie sceptique ou une ambition religieuse, ne peut ignorer que la religion, dieu, les esprits sont des notions plus culturelles, sociales ou psychologiques, que simplement naturelles.
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Deux chercheurs sur la piste de Dieu, au coeur du cerveau humain - Michel Alberganti - Le Monde, 02/02/2001
Pourquoi bon nombre d'êtres humains continuent-ils à croire en Dieu ?
Bien avant Nietzsche, dès la fin du dix-huitième siècle, certains prétendaient, au nom de la science, que la religion était condamnée. Deux siècles plus tard, ni la foi ni les pratiques religieuses n'ont disparu. Ce constat, d'autant plus troublant aux Etats-Unis où les sectes de tout poil prolifèrent, a poussé deux chercheurs de l'université de Pennsylvanie, Eugene D'Aquili et Andrew Newberg, à créer une nouvelle discipline, la neurothéologie. L'hebdomadaire Newsweek indique, dans son édition datée du 5 fevrier, qu'ils s'apprêtent à révéler les résultats de leurs travaux dans un livre au titre évocateur: Pourquoi Dieu ne disparaîtra pas. L'ouvrage, qui sera publié le 3 avril par Ballatine Books, contient un réponse claire: «Parce que le cerveau humain a été génétiquement conçu pour encourager les croyances religieuses».
Associé depuis 1993 à Eugene D'Aquili, professeur de psychiatrie et anthropologue des religions, Andrew Newberg, un neurophysiologiste de trente-trois ans spécialisé dans l'imagerie scanner, sonde les neurones de patients en extase pour y découvrir l'origine de leurs sensations. Pendant deux ans, de 1996 à1998, il a étudié les fonctions cérébrales et les flux sanguins du cerveau de huit bouddhistes tibétains pendant leur méditation. Des nonnes franciscaines en prière ont subi les même tests. Andrew Newberg utilise des marques pour distinguer les parties du cerveau qui sont activées par le processus mentaux ou les actions physiques.
Les chercheurs ont étudié les cerveaux plongés dans ces états mystiques à l'aide des images fournies par un tomographe à émission de photons. Sur les clichés de coupes horizontales, les lobe pariétaux postérieurs supérieur gauche et droit affichent des luminosités très nettement inférieures à la normale. La méditation mettrait ainsi en veilleuse certains fonctions cérébrales. Or les zones affectées correspondent, selon les scientifiques, au sens de la dichotomie de la personnalité, c'est-à-dire à l'aptitude à se distinguer des autre e de l'environnement. La mise hors service de cette fonction expliquerait le sensations de plénitude absolue, de communion transcendantale avec l'humanité et l'univers généralement associées à une manifestation divine. Un processus semblable expliquerait les transes engendrées par certaines danses endiablées. L'action sur d'autres zone cérébrales produirait le sentiment de canaliser toute l'énergie cosmique…Les expérience mystiques ne seraient ainsi qu'une production du cerveau stimulé par le rites religieux. Prudents, les chercheurs américains, précisaient, dans un article publié le 21 février 1998 par le quotidien The Philadelphia Inquirer, qu'il serait «insensé» de supposer que les visions religieuses «sont réductibles à un flux neurochimique». Leur découverte reste loin, en effet, de répondre à toutes les questions. L'altération du fonctionnement du cerveau est-elle la cause ou le résultat des états de méditation ou de transes? L'organe lui-même et les connections de ses neurones ne sont-ils pas l'oeuvre d'un créateur? Sans répondre à ces interrogations légitimes, les chercheurs américains estiment que le cerveau est programmé pour aider l'humanité à survivre dans un monde cruel en donnent un sens à son existence. Reste à identifier le programmeur.
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3 Réponses à “Croyances, Religions, Foi. Et Dieu dans tout ça !”
FMIS écrit:
9 février, 2009 à 15:05
Merci Michel pour ce commentaire.
Une série de 15 questions qui méritent d’être longuement étudiées et portent à débat, voire m^me à communiquer à nos députés et sénateurs.
Outre le fait que l’imprégnation se fait très tôt (comme pour les oies de K. Lorentz) et s’enregistre de façon presque indélébile dans les processus cognitifs, il est évident qu’une “éducation” religieuse faite exclusivement sur un seul mode aura plutôt tendance à enfermer qu’à ouvrir créant aussi un reflexe d’exclusion envers ceux qui sont d’autres croyances et d’autres religions.
Depuis le début des temps il y a eu de nombreuses formes de croyances et de religions qui à leur époque étaient considérées comme les seules véritables et incontestables…
L’histoire témoigna de la suite.
L’espace laïc est un espace sacré en ce sens où chacun doit pouvoir y vivre dans la liberté de sa conscience et de ses croyances.
Et le danger rôde dès qu’une communauté religieuse prétend détenir en son sein la vérité et le dialogue directe et unique avec dieu. La violence comme moyen d’évangélisation et d’expansion d’une religion ce n’est pas nouveau,et AUCUNE religion n’a su s’en exonérer.
Dès qu’un homme ou un groupe d’hommes prétend donner la tonalité de ce qu’il est bon de croire, de faire ou de dire il y a danger pour la liberté et l’intelligence.
FMIS
Michel THYS écrit:
7 février, 2009 à 0:11
L’approche actuelle du phénomène religieux (psychologique, neurophysiologique, génétique, …) va-t-elle bouleverser son approche traditionnelle (philosophique, métaphysique, théologique, anthropologique, politique, … ) ?
Mon optique laïque m’incite à proposer 15 sous-questions :
1. Face à la laïcisation croissante de la société, du moins sous nos latitudes, et bien que la foi relève de la sphère privée, toutes les religions réagissent par des tentatives de réinvestissement des consciences, de re-confessionnalisation de l’espace public et de néo-cléricalisme politique, surtout depuis Jean-Paul II, Benoît XVI, le “chanoine-président” Sarkozy 1er et autres évangélistes …Est-il acceptable que certains prescrits religieux prévalent parfois sur la loi ?
2. L’ Etat, qu’il soit français ou belge (quand inscrira-t-il enfin la laïcité dans sa Constitution ? ! ), a une obligation de neutralité, et est sensé “garantir” la liberté de conscience et de religion. Mais avant de prétendre garantir (théoriquement) la liberté d’exprimer sa religion, ne faudrait-il pas d’abord garantir (pratiquement) la liberté d’en avoir une ou de ne pas en avoir ?
3. Hélas, la liberté de croire ou de ne pas croire n’est-elle pas souvent compromise par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale précoce, forcément affective puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents, ainsi que par l’influence d’un milieu culturel excluant toute alternative humaniste non aliénante, et n’est-elle donc pas plus symbolique qu’effective ? L’éducation coranique en témoigne à 99,99 % …
4. Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, professeur à l’Université catholique de Louvain, n’avait–t-il pas montré qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et aussi que la religiosité à l’âge adulte en dépend ? (et donc l’aptitude à imaginer un “père” protecteur substitutif et anthropomorphique, fût-il “Présence Opérante du Tout-Autre” …).
5. D’autre part, des neurophysiologistes n’ont-ils pas établi qu’avant les hippocampes, les amygdales (pas celles de la gorge mais du cerveau émotionnel ! ) sont capables, dès l’âge de 2 ou 3 ans, de stocker des souvenirs inconscients, tels que les comportements religieux et les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur ?
6. Enfin, ces chercheurs n’ont-ils pas constaté, par l’IRM fonctionnelle, que le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent anesthésiés, à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion (ce qui expliquerait la difficulté, voire l’impossibilité, pour bien des croyants, de remettre leur foi en question) ?
7. N’est-il pas logique et légitime dès lors que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien qu’a priori sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale ?
8. Loin de vouloir simplifier ou réduire la complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des facteurs psycho-neuro-physio-génético-éducatifs, n’est-il pas légitime de compléter son approche traditionnelle (philosophique, métaphysique, théologique, anthropologique, sociologique) par une approche neuroscientifique, fût-elle encore audacieuse, permettant de mieux comprendre l’origine et la fréquente persistance de la foi et donc de permettre à chacun de choisir, en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible, ses convictions philosophiques OU religieuses ?
9. N’est-il pas grand temps dès lors de repenser le rôle de l’Etat, mais aussi celui des parents et des enseignants croyants qui devraient se demander si, de nos jours, ils ont encore moralement le droit, fût-il constitutionnel, de transmettre la même éducation que celle qu’ils ont reçue, de plus en plus inadaptée à la modernité ?
10. Sans se départir de sa neutralité, et au-delà du cours d’histoire, l’école ne devrait-elle pas compenser l’influence unilatérale de la famille et celle d’un milieu religieux exclusif, par une information minimale, objective et non prosélyte, non seulement sur le « fait religieux », mais AUSSI, et pour réduire les inégalités socio-culturelles, sur le « fait laïque », ce qui ferait découvrir aux jeunes que les religions incitent toutes à la soumission, tandis que la laïcité prône au contraire l’autonomie et la responsabilité individuelle ?
11. N’est-il pas temps que les parents croyants apprennent que la laïcité philosophique, bien qu’elle refuse toute référence divine, n’est pas pour autant anti-religieuse, et qu’elle vise seulement à faire connaître l’alternative de l’humanisme laïque, ses principes, ses valeurs, ses fondements, ses options et ses objectifs, actuellement occultés ?
12. N’est-il pas indispensable de découvrir que la morale laïque se fonde, non pas sur la soumission à des “commandements” et à des textes “sacrés”, mais sur le libre examen, l’esprit critique et sur une conscience morale autonome, qu’il existe une spiritualité laïque et que l’on peut donner un sens à l’existence autrement que par la spiritualité religieuse ?
13. Ne faudrait-il pas dès lors, organiser tant en France qu’en Belgique, un véritable débat national et oser repenser, dans l’intérêt supérieur de l’enfant, certaines notions fondamentales telles que la neutralité de l’Etat, la liberté constitutionnelle d’enseignement, la transmission des valeurs et les limites de la tolérance vis-à-vis des prétentions des religions à imposer leurs vérités exclusives, aussi bien celles du catholicisme, du judaïsme, du christianisme évangélique, de l’islamisme et des sectes que celles inspirées par d’ éventuels relents d’athéisme idélogique et dogmatique ?
14. Quant à l’enseignement confessionnel, survivance obsolète, inégalitaire et élitiste du Moyen Âge, ne devrait-il pas faire place (après 50 ans de “pacte scolaire” en Belgique) à ” l’école pluraliste”, mise au frigo depuis 34 ans et, sans crainte d’encore introduire le loup dans la bergerie, à la fusion des réseaux officiel et privé, du primaire à l’universitaire, ne fût-ce que pour des raisons économiques ?
15. N’est-il donc pas légitime que la laïcité, tant politique que philosophique, bien qu’elle soit rétive à tout prosélytisme, se montre à présent non pas combattante mais plus fermement attachée à ses principes, plutôt que conciliante, frileuse, voire laxiste, afin de promouvoir enfin le “vivre ensemble” au sein d’une société interculturelle et citoyenne ?
Michel THYS, à Waterloo.
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Jean-Paul écrit:
6 février, 2009 à 16:17
Il y a longtemps qu’on en parle!
je recommande à tous les esprits libres de ce forum de se précipiter sur le science et vie d’aout un dossier passionnant et bien documenté sur la force des croyances
voilà quelques extraits
SCIENCE - La neurobiologie démontre que l’humain est prédisposé au sentiment religieux. Une certaine molécule jouerait un rôle crucial.
Des neurobiologistes l’affirment: l’homme est programmé à croire en quelque chose de supérieur via la structure de son cerveau, et d’une molécule, dont le rôle crucial chez les croyants vient d’être identifié. C’est ce que nous apprend Science et Vie[1], qui consacre son numéro d’août aux origines biologiques de la croyance. Blasphème? Ces travaux ne visent pas à contester l’idée du divin, prévient la revue. Ce que la science met en évidence, c’est simplement que nous sommes très bien équipés pour croire.
Dans l’aventure de la «neurothéologie», une étape décisive semble avoir été franchie par la neurobiologiste Jacqueline Borg et son équipe de l’Université Karolinska de Stockholm (Suède). Leurs travaux ont démontré que la religiosité (la propension à voir le monde comme habité par le divin) dépendrait du taux de sérotonine, un neurotransmetteur[2] déjà connu pour être susceptible d’engendrer des états similaires à ceux produits par certains psychotropes: modifications de la perception sensorielle, hallucinations, sensation de fusion avec le monde. Soit les sensations que les mystiques éprouvent au cours de leurs états extatiques…
Il s’agissait de vérifier la supposition que ces expériences mystiques étaient sous-tendues par la sérotonine. Les travaux de la chercheuse vont dans ce sens: en soumettant à quinze volontaires quelque 240 questions permettant d’évaluer l’importance de vingt-cinq aspects fondamentaux de la personnalité (impulsivité, crainte de l’inconnu, etc.), Jacqueline Borg a remarqué que la religiosité était le seul paramètre corrélé avec la densité de sérotonine.
Pour autant, cette dernière n’est pas une «molécule de la foi»: «Si la croyance en Dieu peut être favorisée par l’action d’une molécule comme la sérotonine, elle ne peut en aucun cas se résumer à son action exclusive», commente Catherine Belzung, biologiste à l’Université de Tours (France).
La cartographie religieuse du cerveau
De fait, la structure du cerveau nous programmerait également à croire: c’est ce qu’a démontré en 2001 une expérience menée avec huit moines tibétains plongés dans un état de méditation débouchant sur une sensation de symbiose. On a remarqué que plus la méditation semblait profonde, et plus l’activité de la partie arrière supérieure du crâne était ralentie. Or il se trouve que l’une des fonctions de cette zone cérébrale permet de distinguer son corps de l’environnement et de s’orienter dans l’espace. D’où l’émergences, chez les moines étudiés, d’altérations et de la sensation de fusionner avec l’Univers. D’autres travaux indiquent même que ce serait tout un réseau cérébral qui serait mobilisé dans la propension à ressentir une présence divine!
L’émotion plus forte que la raison
La psychologie, pour sa part, a démontré que l’humain a une perception innée du monde qui fait la part entre le «surnaturel» et le réel. Si bien qu’en contredisant notre entendement, les croyances religieuses (miracles, entités invisibles…) provoquent une réaction émotionnelle forte qui, paradoxalement, nous conduirait tout naturellement à leur attribuer un «pouvoir explicatif supérieur».
L’anthropologue Scott Atran précise que le surnaturel, soit le «monde contre-intuitif», ne doit pas être trop éloigné de la réalité pour être pris au sérieux, car le cerveau ne peut pas gérer de trop nombreuses entorses au réel. De plus, l’acceptation du surnaturel est favorisée par l’ambiance émotionnelle et collective des rites (musique, gestuelle, prière) et par le sentiment de sacrifice et de soumission. «Au bout du compte, l’émotion est plus forte, plus convaincante que la logique et la raison.»
Cerise sur le gâteau de la neurothéologie, une étude étasunienne a démontré que, parce qu’elle répond aux angoisses existentielles des croyants et crée un lien social, la religion agit sur la santé de ces derniers, qui vivent en moyenne 29% plus longtemps que les non-croyants! Petit quiz: à quel âge est mort le patriarche Mathusalem?
http://www.bladi.net/forum/48271-molecule-foi/
http://fmis.unblog.fr/2009/02/06/croyances-religions-foi-et-dieu-dans-tout-ca/
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