Qu'est ce qu'une personnalité ?
Tout ce que je sais de moi-même, c'est-à-dire ce que je crois être.
Ma personnalité étant mon identité, elle est constituée de l'ensemble des « traits de caractères » par lesquels je suis identique à moi-même, et demeure la même personne.
La personnalité est donc un système de répétition, une manière d'exister dans l'habituel.
Pour le dire autrement : une névrose.
Son bénéfice ?
Me rassurer : étant identifié à une définition de moi-même (je suis ceci, je suis cela...)
Me voici sûr d'être quelque chose ; donc je suis quelqu'un.
Son prix ?
Me prendre pour une illusion. En effet, la personnalité se construit par l'intermédiaire du regard des autres et particulièrement, durant la petite enfance, de celui des parents et du proche entourage. Or ce regard n'est pas vierge.
Il est constitué de projections, d'attentes et de conditionnements, et c'est en intériorisant ceux-ci que, dès la naissance, un être humain forge l'idée qu'il se fait de lui-même.
Cette construction d'une identité est nécessaire : son impossibilité est psychose.
Mais elle me sépare de ma vérité. Dans un chemin de vie, ma vérité profonde va donc nécessairement entrer en lutte avec ma personnalité. Voilà pourquoi l'être humain n'est pas en paix.
Le chemin de la personnalité conditionnée à l'être que je suis traverse la grande peur humaine e dont notre personnalité nous protège : celle de n 'être rien ;
Or, ce sont les expériences intenses de notre vie, changements, bouleversements, rencontres déterminantes, épreuves qui nous confrontent au défi de lâcher notre personnalité ancienne et de traverser le vide.
Ce n'est que de ce rien que je peux naitre à moi-même. Mais la traversé « me » terrifie, car elle est « ma » mort.
La mort d'un « moi » entre guillemets, car il n'est fait que du discours des autres et n'est rien de qui je suis ; mais un moi auquel je m'accroche, car il me protège de la grande peur du néant ; C'est pourquoi la tentation humaine est de refuser l'intensité, afin de protéger la personnalité contre la vérité de l'être. C'est la tiédeur, cette passion de la non sensation, ce refus de la vie par impuissance à souffrir. Mais le chemin de l'illusion du moi à la vérité du Je suis est-il nécessairement souffrance ?
A la seule mesure de mes résistances. Car ce n'est que mon opposition à ma propre vérité qui ralentit mon pas et me confronte à l'adversité. Les épreuves extérieures ne sont nécessaires que pou celui qui refuse de s'éprouver lui-même.
A l'inverse, sans peur, en toute confiance, dans l'abandon aimant, la traversée du rien est naissance joyeuse au Vivant que l'on est. Si j'ose ne plus me prendre pour ce « moi », récit des autres engrammé dans le moindre de mes réflexes de vie et qui me fige en un être défini, alors, de naître rien, je m'ouvre au surgissement toujours renouvelé de ma vérité vivante.
Sans idée préconçue de moi, chacune de mes paroles, chacun de mes gestes me découvre à moi-même d'une manière inattendue. Et je me connais alors, non comme une identité, mais comme le lieu d'un surgissement inspiré qui féconde le monde. Pour cela, il s'agit de cesser de faire, de vouloir et de paraître, pour commencer à vivre.
Intensément.
Denis Marquet, Philosophe., son dernier roman : Mortelle Eternité.
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