mardi 14 décembre 2010

La fable du fabuliste incertain (texte intégral)


La fable du fabuliste incertain
de Roland Dubillard

Je crois que je vais réciter une fable. Ce sera la fable d'un homme que j'ai connu. D'un homme, comment dire, oui, d'un homme mais distingué. Je veux dire que quelque chose le distinguait des hommes ordinaires. Cette chose c'était sa main gauche. Elle sortait trop de l'ordinaire pour qu'il la sortît volontiers de sa poche, cet homme, sa main. Il en avait honte. Elle était en bois. Ce n'est pas que le bois en lui même lui parût une chose honteuse, à cet homme. Non, même une main en bois qu'il eût trouvée par hasard, il l'aurait serrée volontiers. Que cette main en bois lui appartînt à lui n'était pas non plus ce qui le rendait honteux. Non: il y a des hontes qui ne se raisonnent pas. On pourrait croire que ma fable s'arrête là, avec cette morale déjà forte. Pourtant, je continue, vous allez voir.

J’ajouterai d’abord que cet homme, sa honte s’expliquait d’autant moins qu’elle n’était pas seule, sa main gauche, à être en bois, à cet homme. Le bras gauche aussi, il l’avait en bois. Et tout. C’était un homme en bois, un bonhomme en bois. J’aurais dû commencer par là. Je la récite mal, cette fable. En fait, c’est l’histoire d’un bonhomme en bois, comme on en voit beaucoup, en bois ordinaire. Rien de très particulier. Si : sur la tête, on lui avait collé des cheveux très longs. Et j’ajoute : verts. Des cheveux verts. Vous verrez plus tard l’importance de ce détail.

Alors un jour qu’il était sur le bord d’une route, immobile… Bien sûr immobile, je n’ai pas dit que ce fut un robot ! non ! - un bonhomme en bois, tout ce qu’il y a d’ordinaire, sauf que précisément… çà, j’aurais dû le dire, il avait une raison supplémentaire de ne pas bouger, c’est que… (comme je raconte mal !)… ses deux jambes l’apparentaient aux sirènes. Oui : elles étaient soudées. Elles faisaient bloc. Une seule grosse jambe, si vous voulez, mais grosse. Et c’est tout de même ce qui lui permettait de tenir debout, à ce bonhomme de bois, cette espèce de boule cylindrique ; des pieds ne lui auraient pas suffi, vu sa hauteur. Car il était très grand. Immense. C’est même ça qui frappait au premier coup d’œil, j’aurais dû le dire.

Donc, un jour qu’il attendait sur le bord de la route, solidement planté dans le sol, en rang… en rang, oui, parce que il y en avait plusieurs, il y en avait même beaucoup des comme lui, ça aussi j’aurais dû le dire au début... des deux côtés de la route ils étaient. Et ils attendaient en plein soleil. Il y avait bien de l’ombre, sur la route, mais ils ne pouvaient pas s’y mettre parce que c’est eux qui la faisaient, l’ombre, avec leurs longs cheveux verts… Avec leurs cheveux verts ; je ne sais pas pourquoi j’ai dit : longs ; c’est plutôt : larges qu’il faut dire ; comme des feuilles, quoi. Enfin bref ! Ce n’étaient pas vraiment des bonshommes en bois. C’était plutôt des arbres. Les arbres aussi sont en bois. Alors, ils attendaient tous ensemble comme ça. Je ne la raconte pas bien, cette histoire, mais après tout, une fable est une fable. Et puis l’important, c’est ce qui est arrivé à ce moment là.

Tout à coup – vous voyez l’enfilade des feuillages verts, n’est-ce pas, des deux côtés du chemin ? – tout à coup, tout au bout de l’enfilade, là où les deux bords ont l’air de se rejoindre à cause de la perspective, n’est-ce pas, et à cause de la couleur verte, on pourrait comparer ça à une bouteille – vue côté cul, n’est-ce pas, à travers son cul, à la bouteille – tout à coup, donc, au bout du goulot de la bouteille, si ce chemin était un chemin d’eau, où ils se miraient, les arbres... oui, c’était un canal, j’ai oublié de le mentionner, je suis impardonnable, tout à coup on entendit: boum ! C’est à ce moment que la fable commence.

Ce n’est pas la fable de la bouteille… Oui, ça aussi je ne sais plus comment je m’y suis pris, j’essaye de rendre les choses nettes et puis, plus elles sont nettes, plus c’est moi qui m’embrouille – oui, j’aurais dû dire carrément que c’était une bouteille, bien que ce ne soit pas l’histoire de cette bouteille que je veuille raconter. Non : en réalité, ce qui avait fait boum, c’était le bouchon. Et voilà la fable : c’est la fable du bouchon.

Donc, il était une fois un bouchon. De liège. Un de ces bouchons qui ont connu le tire-bouchon et ne s’en remettent jamais tout à fait ; capable de flotter mais qui n’en savait rien : et qui ne s’en serait même pas étonné si on le lui avait dit, car les bouchons flottent parfois, mais ne s’étonnent jamais ; un de ces bouchons dont on dit : mieux vaut boucher le bouchon que de boucher la bouteille, mieux vaut boucher la bouteille que de boucher le vin, mieux vaut boucher le vin que de boucher le buveur. Un bouchon. Rien d’extraordinaire. Mais distingué, cependant.

Pas n’importe quel bouchon, puisque le cinq avril 1939 à 17h30, c’est ce bouchon là que j’avais dans la main gauche. Il faisait un soleil adorable, et mon bouchon prenait dans la lumière déjà crépusculaire une couleur tendre, bois de rose. Ma main gauche aussi est en bois de rose. Et quoi qu’il m’arrive, jusqu’à l’heure de ma mort, je crois que je me souviendrai de cet instant qui, avec un bouchon de rien du tout, terminait la plus belle fable de ma vie. Je suis triste de l’avoir si mal racontée.

C’était la fable du bouchon et du fabuliste.


Roland Dubillard, né le 2 décembre 1923 à Paris, est un comédien et un écrivain français. Après une licence de philosophie sous l'influence de Gaston Bachelard, il débute comme comédien. Jean Tardieu lui commande ses premiers sketchs radiophoniques, Grégoire et Amédée, ce qui le fait connaître. Il écrit en 1961 sa première pièce de théâtre, Naïves hirondelles, qui remporte un franc succès. Son œuvre, essentiellement théâtrale, comporte également des nouvelles, deux recueils de poésies, un essai et un journal intime, elle flirte souvent avec un absurde très subtilement distillé, faisant de Dubillard un frère spirituel de Ionesco et Beckett. Il joue également dans plusieurs films : Le Témoin et Les Compagnons de la marguerite de Jean-Pierre Mocky, et surtout La Grande Lessive du même Mocky où, flanqué de Bourvil et Francis Blanche, ils forment un trio aussi poétique que drolatique, Il ne faut pas boire son prochain en 1997 de Patrice Leconte, Polar de Jacques Bral où il incarne avec une truculence retenue un journaliste mélancolique, Les vécés étaient fermés de l'intérieur de P. Leconte... Sa fille, Ariane Dubillard, est comédienne et chanteuse. Il a écrit « la fable du fabuliste incertain » en 1947.Très longtemps inédite, elle reste très difficile à trouver en édition papier. Jusqu’à aujourd’hui, elle était introuvable sur le web.

Roland Dubillard


Roland Dubillard, né le 2 décembre 1923 à Paris, est un comédien et un écrivain français. Après une licence de philosophie sous l'influence de Gaston Bachelard, il débute comme comédien. Jean Tardieu lui commande ses premiers sketchs radiophoniques, Grégoire et Amédée, ce qui le fait connaître. Il écrit en 1961 sa première pièce de théâtre, Naïves hirondelles, qui remporte un franc succès. Son œuvre, essentiellement théâtrale, comporte également des nouvelles, deux recueils de poésies, un essai et un journal intime, elle flirte souvent avec un absurde très subtilement distillé, faisant de Dubillard un frère spirituel de Ionesco et Beckett. Il joue également dans plusieurs films : Le Témoin et Les Compagnons de la marguerite de Jean-Pierre Mocky, et surtout La Grande Lessive du même Mocky où, flanqué de Bourvil et Francis Blanche, ils forment un trio aussi poétique que drolatique, Il ne faut pas boire son prochain en 1997 de Patrice Leconte, Polar de Jacques Bral où il incarne avec une truculence retenue un journaliste mélancolique, Les vécés étaient fermés de l'intérieur de P. Leconte... Sa fille, Ariane Dubillard, est comédienne et chanteuse. Il a écrit « la fable du fabuliste incertain » en 1947.Très longtemps inédite, elle reste très difficile à trouver en édition papier. Jusqu’à aujourd’hui, elle était introuvable sur le web.

La fable du fabuliste incertain de Roland Dubillard (épilogue)


(…) Pas n’importe quel bouchon, puisque le cinq avril 1939 à 17h30, c’est ce bouchon là que j’avais dans la main gauche. Il faisait un soleil adorable, et mon bouchon prenait dans la lumière déjà crépusculaire une couleur tendre, bois de rose. Ma main gauche aussi est en bois de rose. Et quoi qu’il m’arrive, jusqu’à l’heure de ma mort, je crois que je me souviendrai de cet instant qui, avec un bouchon de rien du tout, terminait la plus belle fable de ma vie. Je suis triste de l’avoir si mal racontée. C’était la fable du bouchon et du fabuliste.
(FIN)

lundi 13 décembre 2010

La fable du fabuliste incertain de Roland Dubillard (acte 7)


(…) Donc, il était une fois un bouchon. De liège. Un de ces bouchons qui ont connu le tire-bouchon et ne s’en remettent jamais tout à fait ; capable de flotter mais qui n’en savait rien : et qui ne s’en serait même pas étonné si on le lui avait dit, car les bouchons flottent parfois, mais ne s’étonnent jamais ; un de ces bouchons dont on dit : mieux vaut boucher le bouchon que de boucher la bouteille, mieux vaut boucher la bouteille que de boucher le vin, mieux vaut boucher le vin que de boucher le buveur. Un bouchon. Rien d’extraordinaire. Mais distingué, cependant.
(à suivre...)

mardi 7 décembre 2010

La fable du fabuliste incertain de Roland Dubillard (acte 6)


(…) Ce n’est pas la fable de la bouteille… Oui, ça aussi je ne sais plus comment je m’y suis pris, j’essaye de rendre les choses nettes et puis, plus elles sont nettes, plus c’est moi qui m’embrouille – oui, j’aurais dû dire carrément que c’était une bouteille, bien que ce ne soit pas l’histoire de cette bouteille que je veuille raconter. Non : en réalité, ce qui avait fait boum, c’était le bouchon. Et voilà la fable : c’est la fable du bouchon.
(à suivre...)

vendredi 3 décembre 2010

La fable du fabuliste incertain de Roland Dubillard (acte 5)


(…) Tout à coup – vous voyez l’enfilade des feuillages verts, n’est-ce pas, des deux côtés du chemin ? – tout à coup, tout au bout de l’enfilade, là où les deux bords ont l’air de se rejoindre à cause de la perspective, n’est-ce pas, et à cause de la couleur verte, on pourrait comparer ça à une bouteille – vue côté cul, n’est-ce pas, à travers son cul, à la bouteille – tout à coup, donc, au bout du goulot de la bouteille, si ce chemin était un chemin d’eau, où ils se miraient, les arbres... oui, c’était un canal, j’ai oublié de le mentionner, je suis impardonnable, tout à coup on entendit: boum ! C’est à ce moment que la fable commence.
(à suivre...)

jeudi 2 décembre 2010

La fable du fabuliste incertain de Roland Dubillard (suite 3 et toujours pas fin)


(…) Donc, un jour qu’il attendait sur le bord de la route, solidement planté dans le sol, en rang… en rang, oui, parce que il y en avait plusieurs, il y en avait même beaucoup des comme lui, ça aussi j’aurais dû le dire au début... des deux côtés de la route ils étaient. Et ils attendaient en plein soleil. Il y avait bien de l’ombre, sur la route, mais ils ne pouvaient pas s’y mettre parce que c’est eux qui la faisaient, l’ombre, avec leurs longs cheveux verts… Avec leurs cheveux verts ; je ne sais pas pourquoi j’ai dit : longs ; c’est plutôt : larges qu’il faut dire ; comme des feuilles, quoi. Enfin bref ! Ce n’étaient pas vraiment des bonshommes en bois. C’était plutôt des arbres. Les arbres aussi sont en bois. Alors, ils attendaient tous ensemble comme ça. Je ne la raconte pas bien, cette histoire, mais après tout, une fable est une fable. Et puis l’important, c’est ce qui est arrivé à ce moment là.
(à suivre...)

mercredi 1 décembre 2010

La fable du fabuliste incertain de Roland Dubillard (suite 2 et pas fin)


(…) Alors un jour qu’il était sur le bord d’une route, immobile… Bien sûr immobile, je n’ai pas dit que ce fut un robot ! non ! - un bonhomme en bois, tout ce qu’il y a d’ordinaire, sauf que précisément… çà, j’aurais dû le dire, il avait une raison supplémentaire de ne pas bouger, c’est que… (comme je raconte mal !)… ses deux jambes l’apparentaient aux sirènes. Oui : elles étaient soudées. Elles faisaient bloc. Une seule grosse jambe, si vous voulez, mais grosse. Et c’est tout de même ce qui lui permettait de tenir debout, à ce bonhomme de bois, cette espèce de boule cylindrique ; des pieds ne lui auraient pas suffi, vu sa hauteur. Car il était très grand. Immense. C’est même ça qui frappait au premier coup d’œil, j’aurais dû le dire.
(à suivre...)

vendredi 26 novembre 2010

La fable du fabuliste incertain de Roland Dubillard (suite et pas fin)


(...) J’ajouterai d’abord que cet homme, sa honte s’expliquait d’autant moins qu’elle n’était pas seule, sa main gauche, à être en bois, à cet homme. Le bras gauche aussi, il l’avait en bois. Et tout. C’était un homme en bois, un bonhomme en bois. J’aurais dû commencer par là. Je la récite mal, cette fable. En fait, c’est l’histoire d’un bonhomme en bois, comme on en voit beaucoup, en bois ordinaire. Rien de très particulier. Si : sur la tête, on lui avait collé des cheveux très longs. Et j’ajoute : verts. Des cheveux verts. Vous verrez plus tard l’importance de ce détail.
(à suivre...)

jeudi 25 novembre 2010

La fable du fabuliste incertain de Roland Dubillard



Je crois que je vais réciter une fable. Ce sera la fable d'un homme que j'ai connu. D'un homme, comment dire, oui, d'un homme mais distingué. Je veux dire que quelque chose le distinguait des hommes ordinaires. Cette chose c'était sa main gauche. Elle sortait trop de l'ordinaire pour qu'il la sortît volontiers de sa poche, cet homme, sa main. Il en avait honte. Elle était en bois.
Ce n'est pas que le bois en lui même lui parût une chose honteuse, à cet homme. Non, même une main en bois qu'il eût trouvée par hasard, il l'aurait serrée volontiers. Que cette main en bois lui appartînt à lui n'était pas non plus ce qui le rendait honteux.
Non: il y a des hontes qui ne se raisonnent pas. On pourrait croire que ma fable s'arrête là, avec cette morale déjà forte. Pourtant, je continue, vous allez voir.
(à suivre...)

jeudi 4 février 2010

Les « créatifs culturels ». Un courant émergent dans la société française.



Dans la mutation culturelle qui caractérise le monde d’aujourd’hui, des changements profonds apparaissent. Ainsi, en 1996, deux sociologues américains, Paul H Ray et Sherry Anderson mettent en évidence l’apparition d’un groupe nouveau à travers les données de leur recherche sur la culture (1). Jusque-là, la population américaine se partageait entre deux ensembles : les traditionalistes et les modernes. Et voici qu’une nouvelle répartition se dégage : les traditionalistes (29%), les modernes (47%) et les créatifs culturels (24%).

Le laboratoire américain.

Dans une interview accordée à la revue Alternatives (2), Paul Ray met en perspective cette découverte. Il avait commencé sa recherche sur les styles de vie aux Etats-Unis en 1986. En 1992, il réalise, qu’au-delà des catégories : « traditionnels » et « modernes », une nouvelle sous-culture est désormais visible, celle des « cultural creatives » selon l’appellation qu’il a forgée. « Leur style de vie est différent. Leur conception du monde est différente. Leurs valeurs sont différentes ». Le nombre des « créatifs culturels » est par ailleurs important : plus de 50 millions d’américains. C’est le fruit d’une progression sensible : environ un demi % chaque année au cours des quarante dernières années.

« Les créatifs culturels » s’engagent pour l’écologie et le sauvetage de la planète, pour la qualité des relations, la paix et la justice sociale, mais ils s’impliquent aussi dans le développement personnel, la spiritualité et des valeurs comme l’authenticité et l’expression du vécu. Ainsi, ils sont tournés à la fois vers l’intérieur d’eux-mêmes (« inner directed ») et engagés socialement ». Ils font mentir le stéréotype répandu selon lequel il y a une opposition entre vie intérieure et activité sociale. Les données montrent tout le contraire.

Cette sous-culture s’est développée aux Etats-Unis au long d’une histoire qui peut maintenant être retracée : les luttes pour la paix, pour la cause des femmes et des enfants, pour la justice sociale.

Au cours des dernières décennies, « une gigantesque convergence » s’est effectuée entre différents mouvements : la conscience, la spiritualité, une vision alternative de la santé et de la médecine, la psychologie, le féminisme, l’écologie, les droits civiques… Selon Paul Ray, l’origine de cette créativité culturelle réside pour une bonne part dans le développement de l’éducation et dans l’expansion, de plus en plus rapide, de la communication. Ce phénomène, bien visible aux Etats-Unis, se manifeste dans le monde entier. En 1830, Alexis de Tocqueville découvrait aux Etats-Unis l’existence d’une société civile très active, alors quasiment unique dans le monde. Aujourd’hui, cette société civile est présente et active dans la plupart des pays de notre planète. Les « créatifs culturels » y sont nombreux et leur nombre va en croissant.

Paul Ray voit dans cette expansion une avancée de la conscience encore largement méconnue. Aux Etats-Unis, la culture des médias, encore largement influencée par les préoccupations dominantes des « modernes » comme la réussite matérielle, la compétition, ne met pas en valeur le changement en cours dans les mentalités. Sur le plan politique, le président Bush, en affinité avec les valeurs traditionnelles de la droite religieuse, a contribué également à dissimuler cette évolution en profondeur de la société américaine. Aussi bien, tout permet de penser que la poursuite de ce mouvement se manifestera de plus en plus sur la scène publique aux Etats-Unis. Et, en Europe, une enquête récente confirme les hypothèses de Paul Ray sur la place occupée par les créatifs culturels dans cette région.

La montée d’un nouveau courant culturel.

Effectivement, en 2003, le Club de Budapest a lancé une enquête sur la montée de ce nouveau courant culturel. Et les premiers résultats sont aujourd’hui publics. Ainsi, pour la France, une équipe coordonnée par Yves Michel, a exploité les données concernant notre pays et nous les présente dans un livre récemment paru : « Les créatifs culturels en France » (3).

La préface, écrite par le sociologue Jean-Pierre Worms, met en perspective ces résultats à l’échelle mondiale, en croisant ainsi la réflexion de Paul Ray. Jean-Pierre Worms nous fait remarquer que l’attention portée à ce mouvement témoigne d’un regard nouveau. « Pendant plus d’un siècle en effet, la science économique avait conquis une position prééminente dans nos systèmes de représentation de la société et du monde ». La culture apparaissait comme « un simple sous-produit du système technico-économique ». Mais ce déterminisme est aujourd’hui « de plus en plus fréquemment remis en question, non seulement par ceux qui en dénonçaient les effets, mais également par ceux qui y projetaient au contraire leur espoir d’un progrès de l’humanité ».

La perspective anthropologique retrouve ainsi sa pertinence. « La culture n’est pas qu’un sous-produit de la superstructure technico-économique… elle est simultanément et d’abord l’élément structurant fondamental de toute société, la base même de ce qui fait société » (p.9). Plus généralement, la sociologie tend aujourd’hui à revaloriser le rôle des acteurs. Dès lors, on portera davantage attention à la dynamique des minorités actives. Les recherches sur les « créatifs culturels » pourront ainsi être davantage entendues. Elles rappellent que « la création culturelle est, en elle même, créatrice de société ». Elles s’inscrivent dans une interprétation nouvelle de « l’individualisme consumériste ». Celui-ci comporte en fait deux faces : « un repli égoïste de chacun sur la recherche de satisfactions personnelles immédiates », mais aussi, « l’expression de la volonté

de chaque individu de reconquête de son autonomie dans la construction de son identité afin de mieux maîtriser son rapport aux autres et au monde et ses choix de vie et de consommation… C’est ce second versant qui est à la source des évolutions socio-culturelles auxquelles participent les « créatifs culturels » (p.10).

Les « créatifs culturels » en France.

À partir d’un questionnaire européen établi dans le cadre de la recherche initiée par le Club de Budapest, l’étude réalisée en France été fondée sur une méthodologie qualitative auprès d’un échantillon représentatif de la population française composé de 1115 personnes âgées de 15 ans et plus. La synthèse des résultats nous est présentée par Florence Morgan et Yves Michel dans le récent livre sur « Les créatifs culturels en France ». Une analyse typologique des données a permis de faire apparaître cinq courants socio-culturels présents dans la société française.

Ce sont ;

Les « créatifs culturels » : 17% de la population française.

Les « alter créatifs » : 21%....

Les « protectionnistes inquiets » : 23%...

Les « conservateurs modernes » : 20%...

Les « détachés sceptiques : 18%..

Les « créatifs culturels » se détachent par une sensibilité concomitante à six grandes dimensions.

Les « créatifs culturels »

* Sont pour l’écologie et le développement durable.

* Reconnaissent l’importance du rôle des femmes dans la société.

* Sont dans l’être davantage que dans l’avoir et dans le paraître.

* Sont pour la connaissance de soi et ont une sensibilité pour ce qui touche la spiritualité.

* sont ouverts sur le monde.

* Sont défavorables au développement économique à tout prix et s’impliquent au niveau collectif.

Les intitulés concernant les autres courants sont nécessairement approximatifs. On aurait aimé disposer de plus de données à leur sujet. Cependant le livre nous apporte un éclairage sur deux d’entre eux.

Les « alter créatifs » sont proches des « créatifs culturels » sur toutes les dimensions, mais ils s’en séparent par une distance vis-à-vis des références spirituelles associées à la dimension du développement personnel. 32% des français disent n’avoir jamais eu de croyances religieuses ou de convictions spirituelles. Le pourcentage est de 21% chez les « créatifs spirituels », mais il est de 52% chez les « alter créatifs ». Au total, « deux dimensions se révèlent être plus spécifiques aux « créatifs culturels » : l’enjeu sociétal ; le développement personnel et plus largement la dimension psychospirituelle » (p.82).

La référence au développement personnel est clairement partagée par le courant des « conservateurs modernes » qualifiés dans un premier temps de « à l’aise, optimistes ». « Ce courant est proche des « créatifs culturels » sur d’autres dimensions : l’intérêt pour le développement durable et les enjeux écologiques, le partage de la richesse et de la solidarité, la valorisation de la diversité culturelle… Ce qui les oppose, c’est leur intérêt sincèrement assumé pour l’argent et la carrière et surtout leur foi dans la capacité de la technologie et du marché mondial à fournir les leviers de la construction d’un monde meilleur… » (p.13).

L’étude nous permet de connaître en profondeur les représentations et les comportements des « créatifs culturels ». Ainsi la lecture de cette étude se révèle indispensable. Notons que ce courant rassemble 1/6 de la population française, soit près de 10 millions de personnes. Il est en moyenne plus jeune, plus diplômé et plus aisé, plus féminin.

Si l’on considère à la fois les « créatifs culturels » et les « alter créatifs », l’ensemble représente 38 % de la population française. « Il s’agit d’une partie de la population sur laquelle la société peut, pourrait, pourra s’appuyer pour opérer des changements » (p.81).

Créatifs culturels, aspirations spirituelles et croyances religieuses.

25% des français aiment s’inspirer de personnalités spirituelles. Le pourcentage double chez les « créatifs spirituels » (49%). 24% des français aimeraient disposer de plus de temps pour méditer, s’occuper de sujets spirituels. 50% des « créatifs spirituels » répondent positivement à cette proposition. Le courant des « créatifs spirituels » manifeste ainsi de fortes aspirations dans le domaine de la spiritualité.

Comment ces aspirations s’articulent-elles avec des croyances et des pratiques religieuses ? On constate que la grande majorité des « créatifs culturels » se situent en dehors des dénominations les plus répandues en France. 15% se disent athée et 23% agnostique. Mais 17% (contre 6% des français) se considèrent comme des personnes en quête de spiritualité, sans être liées à une religion ou à un itinéraire institutionnalisé. C’est sans doute dans ce milieu que les religions orientales ou des croyances ésotériques exercent le plus d’influence. Alors que 43% des français se déclarent catholique, 15% seulement des « créatifs culturels » expriment la même adhésion. Mais 6% se disent chrétien sans référence dénominationelle (même pourcentage chez l’ensemble des français).

Ainsi, dans le domaine des croyances religieuses, ce milieu se distingue nettement de la population française dans son ensemble.

Questionnements pour les chrétiens.

Les « créatifs culturels » adhèrent à un ensemble de valeurs qui traduisent un progrès de la conscience : sensibilité écologique, reconnaissance de la femme, solidarité. Et, en même temps, dans leur vie, ils manifestent une dimension spirituelle. Ils sont davantage dans l’être que dans l’avoir et le paraître, et ils sont sensibles à la spiritualité et à l’ouverture aux autres. Dans une perspective globale, ils savent que tout se tient. Ainsi 62% d’entre eux (contre 35% des français) estiment que des changements positifs de leur personnalité, dans la vie, pourraient contribuer à changer le monde. Si ces différentes attitudes nous paraissent en phase avec l’esprit de l’Evangile, pourquoi l’audience du christianisme dans ce milieu est-elle statistiquement limitée ?

Au début de cette réflexion il faut, nous semble-t-il, adopter une perspective historique et reconnaître la part de responsabilité des institutions religieuses dans cet éloignement. En effet, en fonction de structures peu évolutives, les institutions traditionnelles ont inscrit leur message dans la culture traditionnelle et, pour une bonne part, dans la culture moderne alors que ces cultures perdent en pertinence. Le style hiérarchique de l’Eglise catholique est visiblement de plus en plus en porte à faux par rapport aux formes nouvelles de relation. Mais le problème est aussi plus général. Ainsi la reconnaissance des nouveaux rôles féminins a contribué à éloigner nombre de femmes des églises. Ce facteur est particulièrement mis en valeur dans le livre du sociologue britannique Callum C. Brown : « The death of christian Britain » (4). De même la conception du rapport au corps, inspirée par la civilisation traditionnelle, a tardé à tenir compte des potentialités nouvelles. À la suite des sociologues les travaux du groupe de recherche de Témoins ont commencé à explorer les différents déphasages . On y met également en valeur combien ces distorsions ne tiennent pas à l’Evangile, bien au contraire. L’esprit des Béatitudes n’est-il pas en phase avec les valeurs dites féminines comme La miséricorde, la douceur, l’attention à l’autre ? L’Evangile ne proclame-t-il pas la guérison sous toutes ses formes, y compris celle du corps ? Jésus, à la suite des psaumes, n’exprime-t-il pas la beauté de la nature ? Et, plus généralement, le récit biblique ne communique-t-il pas un message de libération capable d’affronter et de vaincre le mal ? On peut suivre dans l’histoire de la chrétienté les déformations qui sont intervenues. La post-chrétienté est propice aux corrections nécessaires. Mais la mémoire de ce passé a brouillé les cartes. La vogue du bouddhisme témoigne par exemple de ce malentendu. Cependant, comme le déclare Paul Ray dans son interview, les valeurs occidentales ont modifié le bouddhisme dans son contexte d’accueil. On ne peut imputer à la seule tradition bouddhiste, le fait de penser que se changer soi-même conduit à un changement dans le monde, comme l’écrit un des auteurs de ce livre (p.32). Il y a en milieu chrétien, de nombreux mouvements qui associent changement personnel et transformation sociale. Dans les relations de Témoins, un bon exemple est l’association « Initiatives et changement » et le magazine « Changer » (5).

La réponse aux aspirations spirituelles présentes chez les « créatifs spirituels » passe donc par de nouvelles propositions chrétiennes, associant l’esprit de l’Evangile et les valeurs de la nouvelle culture. Le mouvement est déjà bien avancé en Grande-Bretagne. En effet, beaucoup d’initiatives s’y développent pour répondre aux aspirations spirituelles d’aujourd’hui telles qu’elle apparaissent notamment dans les données de la recherche (6).

Plus généralement, tout le courant de l’Eglise émergente s’inspire d’une théologie qui prend en compte les sensibilités nouvelles. À cet égard, les livres de Brian McLaren témoignent de son attention à l’évolution des mentalités aux Etats-Unis. On pourra se reporter à son ouvrage : « Generous orthodoxy » (7). Et, de même, les pionniers britanniques de l’Eglise émergente témoignent de la même attention. C’est d’ailleurs sur le site : Emergingchurch.info qu’en 2003, Chris Vermeilen a mis en valeur la contribution des « créatifs culturels » (8). « C’est ce groupe qui tend à rechercher des formes alternatives d’église par rapport aux formes institutionnelles qui ont dominé pendant des siècles. Les « créatifs culturels » aspirent à un changement profond dans leurs vies vers moins de stress, davantage de santé, moins de consommation, plus de spiritualité, plus de respect pour la terre et la diversité écologique. L’Église émergente suscitée par les « créatifs culturels » offre davantage d’opportunités pour aborder ces enjeux et commence à avoir un impact sur la culture globale de notre société ».

Par rapport à ces initiatives, il y a en France encore beaucoup de chemin à parcourir. En effet, non seulement la mémoire d’un passé clérical y est encore prégnante, mais la culture française reste largement influencée par la culture dite « moderne ». Mais, comme le montre l’apparition d’un courant important de « créatifs culturels » en France, notre pays participe à l’évolution du monde, quelque soit l’inquiétude que cela puisse susciter dans certains milieux. Cette enquête a le grand mérite de mettre en évidence l’évolution des mentalités. C’est une contribution importante pour la compréhension de notre société et le développement des innovations.

Jean Hassenforder

21 03 2007

(1) Le livre de ces deux sociologues : « The cultural creatives » a été traduit et publié en français : Ray (Paul H.), Anderson (Sherry). L’émergence des créatifs culturels. Editions Yves Michel, 2001

(2) The cultural creatives : we are everywhere. The « inner view » with Paul Ray. Interview by Peter Moore. Alternatives,summer 2001, issue 18 . www.alternativesmagazine.com/18/ray.html

(3) Association pour la biodiversité culturelle. Préface de Jean-Pierre Worms. Les créatifs culturels en France. Editions Yves Michel, 2007. www.yvesmichel.org (Renvoi aux pages de ce livre dans les notes suivantes)

(4) Brown (Callum G.) The death of christian Britain. Understanding secularisation 1800-2000. Routledge, 2001

(5) Changer International est publié par l’association : Initiatives et Changement avec pour devise : Changer soi-même pour que le monde change. www.ic-fr.org

(6) Croft (Steven), Frost (Rob), Ireland (Mark), Richards (Anne), Richmonds (Yvonne), Spencer (Nick). Evangelism in a spiritual age. Communicating faith in a changing culture. Church House Publishing, 2005. (Cf sur ce site : Annoncer l’Evangile dans un âge spirituel Lire l'article).

(7) McLaren (Brian D.) Generous orthodoxy. Zondervan, 2004. (Cf présentation sur ce site Lire l'article : Une théologie pour l’Eglise émergente selon Brian McLaren).

(8) Vermeulen (Chris). The emerging church and Cultural creatives. http://emergingchurch.info/reflection/chrisvermeulem/index.htm (Cf site de Témoins : Lire l'article)

http://www.nouvellescles.com/imprimersans.php3?id_article=1265&nom_site=Site%20de%20Nouvelles%20Cl%E9s&url_site=http://www.nouvellescles.com



mardi 26 janvier 2010

"Naître rien"

Qu'est ce qu'une personnalité ?
Tout ce que je sais de moi-même, c'est-à-dire ce que je crois être.
Ma personnalité étant mon identité, elle est constituée de l'ensemble des « traits de caractères » par lesquels je suis identique à moi-même, et demeure la même personne.
La personnalité est donc un système de répétition, une manière d'exister dans l'habituel.
Pour le dire autrement : une névrose.
Son bénéfice ?
Me rassurer : étant identifié à une définition de moi-même (je suis ceci, je suis cela...)
Me voici sûr d'être quelque chose ; donc je suis quelqu'un.
Son prix ?
Me prendre pour une illusion. En effet, la personnalité se construit par l'intermédiaire du regard des autres et particulièrement, durant la petite enfance, de celui des parents et du proche entourage. Or ce regard n'est pas vierge.
Il est constitué de projections, d'attentes et de conditionnements, et c'est en intériorisant ceux-ci que, dès la naissance, un être humain forge l'idée qu'il se fait de lui-même.
Cette construction d'une identité est nécessaire : son impossibilité est psychose.
Mais elle me sépare de ma vérité. Dans un chemin de vie, ma vérité profonde va donc nécessairement entrer en lutte avec ma personnalité. Voilà pourquoi l'être humain n'est pas en paix.
Le chemin de la personnalité conditionnée à l'être que je suis traverse la grande peur humaine e dont notre personnalité nous protège : celle de n 'être rien ;
Or, ce sont les expériences intenses de notre vie, changements, bouleversements, rencontres déterminantes, épreuves qui nous confrontent au défi de lâcher notre personnalité ancienne et de traverser le vide.
Ce n'est que de ce rien que je peux naitre à moi-même. Mais la traversé « me » terrifie, car elle est « ma » mort.
La mort d'un « moi » entre guillemets, car il n'est fait que du discours des autres et n'est rien de qui je suis ; mais un moi auquel je m'accroche, car il me protège de la grande peur du néant ; C'est pourquoi la tentation humaine est de refuser l'intensité, afin de protéger la personnalité contre la vérité de l'être. C'est la tiédeur, cette passion de la non sensation, ce refus de la vie par impuissance à souffrir. Mais le chemin de l'illusion du moi à la vérité du Je suis est-il nécessairement souffrance ?
A la seule mesure de mes résistances. Car ce n'est que mon opposition à ma propre vérité qui ralentit mon pas et me confronte à l'adversité. Les épreuves extérieures ne sont nécessaires que pou celui qui refuse de s'éprouver lui-même.
A l'inverse, sans peur, en toute confiance, dans l'abandon aimant, la traversée du rien est naissance joyeuse au Vivant que l'on est. Si j'ose ne plus me prendre pour ce « moi », récit des autres engrammé dans le moindre de mes réflexes de vie et qui me fige en un être défini, alors, de naître rien, je m'ouvre au surgissement toujours renouvelé de ma vérité vivante.
Sans idée préconçue de moi, chacune de mes paroles, chacun de mes gestes me découvre à moi-même d'une manière inattendue. Et je me connais alors, non comme une identité, mais comme le lieu d'un surgissement inspiré qui féconde le monde. Pour cela, il s'agit de cesser de faire, de vouloir et de paraître, pour commencer à vivre.
Intensément.

Denis Marquet, Philosophe., son dernier roman : Mortelle Eternité.

Naître rien

vendredi 15 janvier 2010

Soutien Haïti







Lettre d' Eugen Brand - Délégué Général

Mouvement international ATD Quart Monde

Chers amis,

Une nouvelle fois, Haïti a été frappé dans sa marche vers l'avenir. Nous connaissons ce peuple qui devrait être une boussole pour le monde. Son courage, sa sagesse, sa fraternité sont plus forts que la misère et les catastrophes qui l'enserrent.

Ce n'est que dans l'après-midi de jeudi que nous avons enfin eu des nouvelles des neuf membres de notre équipe à Port au Prince et de quelques uns des amis du Mouvement ATD Quart Monde. L'équipe ne cesse de chercher à rejoindre les personnes et familles les plus isolées, dont certaines sont très durement touchées. Les quartiers de Port au Prince : Grande Ravine, Fontamara, Martissant où vivent ces familles, l'équipe de volontaires et une grande partie de nos amis se trouvent très proches de l'épicentre du séisme.

Nombreuses sont les personnes qui nous demandent ce qu'elles peuvent faire, en plus de rester de cœur et d'esprit en lien avec Haïti.

Face à cette catastrophe, nous serons conduits à renforcer notre équipe de volontaires-permanents dans tout ce qu'elle entreprend aux côtés de centaines de familles extrêmement pauvres et de leurs communautés. Ces familles sont, au jour le jour, actrices de solidarité malgré les drames à répétition qu’elles ont vécus ces dernières années. C'est avec elles, l'équipe, les autres membres du Mouvement, et en lien avec les efforts du pays, que nous définirons quelles sont les urgences et nous y répondrons dans la durée.

A plusieurs reprises dans notre histoire, nous avons partagé l’épreuve des catastrophes avec les familles, comme au Honduras, à la Nouvelle Orléans, à l'Île de la Réunion, au Burkina Faso, aux Philippines... Elles nous ont appris à quel point, quand tout s'écrase, la présence et la fidélité sont essentielles pour que ceux qui vivent les situations de misère les plus extrêmes ne soient pas abandonnés à eux-mêmes et qu'ils soient au cœur de la reconstruction du pays et de son avenir. C'est dans cette perspective d'un engagement à long terme que le Mouvement ATD Quart Monde, actif dans le pays depuis 1981, investira l'argent collecté en solidarité avec Haïti.

Nous invitons ceux qui le peuvent à soutenir les secours entrepris à grande échelle, à effectuer un don spécial pour l'action du Mouvement en Haïti dans l'immédiat et dans la durée, ainsi qu'à faire suivre ce message à leurs amis.

Que tous ceux qui le peuvent se mobilisent au cœur de leur quartier, village, communauté ou école pour inventer ensemble des gestes de solidarité.

Eugen Brand

Délégué Général

Mouvement international ATD Quart Monde

Pour réaliser votre don, nous vous proposons trois modalités:

par chèque à l'ordre de ATD Quart Monde, à envoyer à « ATD Quart Monde, 107, avenue du Général Leclerc, 95480 Pierrelaye, France », en précisant « solidarité Haïti » au dos du chèque.

Par carte bancaire, sur notre site web: http://www.atd-quartmonde.org/don.html

par virement sur le CCP:

Banque : 20041 - Guichet : 00001 - Compte n°1712688Y020 - clé RIB : 08

(IBAN : FR49 2004 1000 0117 1268 8Y02 008 - BIC : PSSTFRPPPAR)