samedi 3 mars 2012
"Inconnu à cette adresse" de Kressmann Taylor
Jeudi dernier, j'ai vu le film de Polanski "Le Pianiste". Ce fut un nouveau choc encore plus fort que les précédents sur cette période de l'histoire qui est inhumaine, insoutenable et d'une cruauté indicible.
Comment peut mépriser à ce point d'autres humains, la vie humaine et finalement soi-même? Car il y a un aveuglement et un déni d'humanité incroyable dans ces comportements génocidaires.
Le lendemain, je reçois le livre de Kressmann Taylor qui retrace d'une certaine manière la montée de la folie nazie et qui montre comment les comportements peuvent subrepticement se fanatiser et se fermer sur des certitudes fallacieuses.
Un lecteur résume très bien l'ouvrage: "Première surprise : la brièveté d’Inconnu à cette adresse, qui est en fait une nouvelle, et se lit en moins d’une heure. Petit… mais puissant, pour paraphraser un célèbre slogan publicitaire. Il s’agit de la correspondance (fictive, mais basée parait-il à partir de lettres réelles) entre deux hommes, deux amis, deux frères presque, Martin Schulse, allemand de naissance et Max Eisenstein, de confession juive. Associés, ils gèrent avec succès la galerie d’art qu’ils ont créée en Californie. Un jour de 1932, Martin décide de retourner en Allemagne, chez lui à Munich.
Commencée le 12 novembre 1932, la correspondance des deux amis s’achèvera le 3 mars 1934. L’amitié qui unit les deux hommes va être mise à mal par les événements qui secouent l’Allemagne d’alors : la montée du nazisme, avec Hitler à sa tête. Au fil de cet échange épistolaire, les influences nazies de Martin vont se révéler toujours plus fortes, au point de l’amener à renier son amitié fraternelle avec Max, réduit à ses yeux à la condition de juif honni. «Nous devons présentement cesser de nous écrire, lui répond son ami allemand. Il devient impossible pour moi de correspondre avec un Juif ; et ce le serait même si je n’avais pas une position officielle à défendre (…). La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. Je n’ai jamais haï les Juifs en tant qu’individus –toi, par exemple, je t’ai toujours considéré comme mon ami-, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j’ajoute que je t’ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle.»
Incrédule, Max veut encore croire que son ami agit de la sorte pour échapper à la censure. Mais est-ce réellement le cas ?
Ce texte prend des allures prophétiques quand on sait qu’il a été publié en 1938 aux États-Unis (et seulement en 1999, en France !), soit un an avant la déclaration de la seconde guerre mondiale. De son style clair et sans fioritures, l’auteur y affiche une certaine clairvoyance sur l’Histoire en marche. «Avec cette correspondance étonnante (…), la littérature américaine s’est enrichie d’une rareté littéraire : la nouvelle parfaite. Bien plus, l’histoire contée ici, diaboliquement habile dans sa conception mais d’une évidence, d’un naturel absolus dans sa forme expressive, est de celles avec lesquelles tant le lecteur moyen que l’écrivain professionnel se sentent en terrain familier : «J’aurais pu écrire cela moi-même. Comment n’y ai-je pas pensé avant ?», se disent-ils, émus et consternés. Goethe, quant à lui, dirait que dans toute œuvre de génie chacun reconnaît une idée personnelle inaboutie.» (extrait de la préface)."
http://www.incoldblog.fr/?meta/oeuvres/Inconnu%20%C3%A0%20cette%20adresse%20-%20Jour%20sans%20retour
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