samedi 9 février 2013
Les médias nous rendent-ils bêtes ?
Les arguments qui viennent corroborer une réponse positive viennent immédiatement à l'esprit et ils sont nombreux.
Cependant, il est difficile de trancher sur cette question puisque il y a des médias qui anesthésient la conscience et d'autres, certes moins nombreux et moins puissants, qui, au contraire, l'aiguisent.
Les premiers étant suffisamment bien analysés, par Noam Chomsky notamment, je plaiderai pour les seconds car il serait injuste de ne pas trier le bon grain de l'ivraie.
Tout d'abord, il faut bien constater qu'avant l'apparition des médias, les consciences étaient surtout dominées par les contingences matérielles: se nourrir, se vêtir, payer son impôt au seigneur du coin. C'était principalement l'église qui dictait la façon de penser et qui uniformisait les consciences.
Le dogme et l'ignorance sont un puissant anesthésiant de la conscience.
Les premiers médias ont probablement permis les premières prises de conscience.
Par la suite, les médias ont été le fer de lance des combats contre les pouvoirs abusifs, les idées dominantes qui uniformisent la pensée et les injustices.
Entre autres on pourra citer le "j'accuse" publié par Victor Hugo en 1861 ou celui d'Emile Zola en 1898.
Au siècle dernier, le scandale du Watergate, mis au grand jour par les journalistes du Washington Post, illustre parfaitement le contre pouvoir que peut constituer une certaine forme de presse et le rôle qu'elle peut jouer dans les prises de conscience individuelles et collectives.
La télévision apporte dans les foyers un divertissement mais également une prise de conscience à travers les journaux d'information, les magazines politiques et littéraires, les documentaires et un certain type de cinéma.
Même si aujourd'hui, on peut considérer que les télévisions commerciales endorment plutôt l'esprit critique et manipulent le téléspectateur, notamment avec la publicité et les émissions de télé réalité, il ne faut pas occulter ce qu'elle peut apporter avec un bon cahier des charges de service public et une régulation optimale.
Il est possible de lutter contre le commerce des "parts de cerveau disponible" pour citer l'ancien PDG de TF1, de même qu'il est possible de trouver des alternatives à l'ultra libéralisme et au modèle de croissance post industriel qui uniformise les consciences en érigeant la consommation et la propriété comme modèle de réussite personnelle et sociale.
Depuis le début de ce millénaire, internet a continué de se développer vertigineusement dans sa version 2.0 amenant avec lui la diffusion mondiale des réseaux sociaux.
Ces derniers sont directement responsables du "printemps du monde arabe" qui a déstabilisé les pouvoirs établis sur une grande partie du globe. Facebook est encore interdit par les autorités chinoises. Twitter et Instagram se répandent en couvrant d'autres contenus et d'autres façons de communiquer.
Au delà du nom de ces start ups qui sont en train de révolutionner les médias, loin de phénomènes de mode, il s'agit bien d'un changement structurel et durable dans la façon de recevoir et transmettre l'information. Et dans ces nouveaux médias il va falloir aussi trier le bon grain de l'ivraie et encourager les initiatives qui préservent la liberté de conscience et d'expression et qui promeuvent la lutte contre l'injustice et l'émancipation vis-à-vis des pouvoirs abusifs.
Pour terminer ce plaidoyer pour les médias ou plutôt pour la minorité de médias qui œuvrent contre l'uniformisation des consciences et dont on peut espérer qu'ils seront bientôt la majorité, j'aborderai la question cruciale de la liberté au sein même des médias et de ceux qui font et propagent l'information.
Les médias libres sont ceux dont la pensée n'est pas dictée par des pouvoirs économiques ou politiques. Si l'on considère le paysage médiatique en France, que ce soit la presse, la radio ou la télévision, ils sont rarer à pouvoir s'affranchir de la censure parfois insidieuse de l'état ou de l'actionnaire privé. Ces deux derniers étant souvent de mèche dans le cadre d'intérêts convergents qui peuvent aller du financement de campagnes électorales à l'attribution de marchés publics plus ou moins faramineux.
La liberté des médias, c'est la liberté des individus qui élaborent et diffusent l'information. C'est la liberté d'une élaboration sans œillères et une communication sans bâillon ni sourdine. Que ce soit pour les journalistes dans les médias classiques ou bien pour vous et moi dans les réseaux sociaux sur internet, la liberté de pensée et d'expression est la condition impérieuse de l'aiguisement des consciences des personnes et des masses exposées à ces médias.
http://www.netpublic.fr/2012/07/eduquer-aux-medias-ca-s-apprend-edition-2012-2013/
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